Les gens qui ont le cœur vide chercheront des reproches.
Laissez tomber vos questions.
Jetez mes réponses.
Je vis ici et maintenant.
Je change des pays et des ville.
Je change de peau comme un serpent.
Je viens chez vous et je vous parle dans votre langue.
Je m'adapte pour tout changer à nouveau.
Je laisse des empreintes sur le sol. Je déménage.
Le mouvement est le sens essentiel de ma vie.
Il y aura de la lumière à vos fenêtres. Je passerai en regardant vos lustres.
Vous n’êtes pas obligés de vous souvenir de moi plus tard. Je n’étais qu'une passante.
A une passante, Charles Baudelaire
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair… puis la nuit! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?
Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais!
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
07 Avril 2024
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